C’est le sujet qui fait parler toutes les femmes. En dehors des fringues, du boulot et des enfants si elles en ont. Les hommes. Leur magie déroutante, leurs connerie abondante, leur douceur enveloppante, leur maladresse attendrissante.
Aussi merveilleux que périlleux, aussi troublants que déconcertants, aussi malins que décevants, ils font tourner notre petit monde. Au point de nous filer parfois la migraine. Ou de nous laisser gagner par leur ivresse.
Galerie de portraits :
-Il y a les fils de bonne famille qui s’encanaillent. Coincés dans leur costume trois pièces depuis que leur formation en marketing est terminée, ils tentent tant bien que mal de mettre du rock’n roll dans leur vie un peu désuète et surtout très solitaire d’un point de vue féminin. Leurs bonnes manières ne produisent plus l’effet escompté sur ses dames, depuis que le féminisme a considéré la politesse comme une agression. Du coup, ils cultivent l’art peu subtil de la drague explicite. Moyennement crédibles avec leur mèche bien peignée sur le côté, ils font ronfler ces demoiselles en quête d’aventures. Un verre de sky à la main, dans les soirées mondaines parisiennes comme provinciales, ils ondulent sur le dancefloor, possédés par Travolta en pleine fever. Problème : leurs déhanchements prometteurs cessent une fois dans l’intimité, laissant place à une rengaine entêtante qui n’a rien à voir avec le trop plein d’alcool qu’il vous a fallu pour leur céder.
Touchants quand ils rajustent leur cravate, signe extérieur d’adultitude, ils ont pourtant du mal à considérer qu’une femme ait de l’ambition, du caractère, d’autres velléités que des enfants et la popotte. Pour qui trouve une saveur à l’archaïsme mis à l’épreuve de la contemporanéité, ils sont le régal du cliché fait homme. Garantis fiables, consensuels. On les reconnaît également à leur pull noué sur les épaules l’été au Cap Ferret ou en Bretagne. Attention labrador et 4X4 en prévision.
-Il y a les bad boys. Pas ceux de la téci, élevés au shit et randonnée RER pour cassage de bourges en bonne et due forme. Les qui font comme les durs. Jean et tee shirts moulants sur corps bodybuildés. Casquettes vissées, lunettes oversized même dans le brouillard. Cuir sur les épaules, vous les trouverez principalement dans les carrés vip des boîtes un peu ringardes de la capitale. Une bouteille de champ toujours prête à être sabrée à proximité. Ils sont généralement accompagnés de donzelles en mini et logotypées, qui se pâment à leurs côtés comme sorties d’un mauvais clip de rap. Musique à fond les basses dans une voiture tunnée pour les plus extrémistes, ils ne croisent jamais un miroir sans le gratifier d’un regard approbateur. S’ils sont en couple, ils ont consacré le syndrome de l’humiliation en publique, du donnage en spectacle sous forme de crise de couple hautement dosée en décibels.
S’ils sont célibataires, ils auront toujours un petit « salope » pour vous en cas de réticence à leurs avances toute en finesse. Le kit de la drague leur a été fourni de naissance sans le mode d’emploi adapté aux différentes situations. Attention à bien connaître les techniques du cinéma pornographique si vous daignez vous aventurez jusqu’à leur chambre de bonne. Sans quoi vous serez congédiées sans préavis faute de gémissements hésitants.
-Il y a les dandys. Erigés en rock stars urbaines depuis que la mode se préoccupe d’eux à grand renfort de slims et de wayfarers. Leur souci number one : le styyyle. Plus de temps que vous dans la salle de bains qu’il vente ou qu’il crame dehors. L’apparence n’a d’égale importance que leur programmation musicale pour le week-end. Groupes anglais en The à riffs redondants, sont leurs maîtres à penser. Ils taquinent un peu de coke pour copier leurs idoles, ont toujours l’air de sortir du pressing avec leur derbies pointues pour finir une silhouette dont ils n’ont même pas conscience qu’elle n’est pas née avec eux.
Les plus exaltés vous pondront peut-être un petit poème par ci par là, si vous faites partie de la caste frange/vintage qui est leur unique salut. D’autres vous toiseront comme une vulgaire crotte si une autre proie est à même de succomber dans l’heure à leur androgynéité inquiétante. Ils sont fans de Bret Easton Ellis sur Facebook et font leur shopping chez American Apparel le samedi. Le problème : bien noter prénom et matricule de la bête car dans la masse de certains quartiers, difficile de distinguer son dandy de ses compères. Au lit, ne pas tenter une main dans ses cheveux sous peine de cris aigus disgracieux en représailles. Ne pas lui demander de performances. Dans le meilleur des cas, il vous comblera de douces caresses et de baisers langoureux rivalisant d’inventivité. Le romantisme est passé par là en ce qui concerne l’esthétisme et le pathos.
-Il y a le cool. Il lit Vice magazine, fait du snow à Cham l’hiver, part sur la côte basque l’été. Il kiffe New York pour le courant underground of course, écoute des groupes inconnus du commun des mortels et boit des coups dans des rades où la bière coûte deux balles mais coule à flots. Il crache sur la hype sans se rendre compte qu’il est justement à la pointe avec son je m’en foutisme rebelle. Sous ses dehors désinvoltes et anti-fashion, chaque pièce de son accoutrement a été sérieusement pensée. Bonnet qui jure nécessairement avec le blouson, qui ressemble lui –même à une doudoune de ski élimée ressortie pour l’occasion, chemise de bucheron sur jean légèrement baggy et baskets crados. Il a l’air de prendre l’amour pour une question totalement secondaire, il plait à son insu ou presque, mais se lève finalement une fille par soir si sa stratégie spéciale détachement est au top. Sinon il s’en moque pour de bon et rentrera à pieds chez lui à 4h du mat avec ses potes bourrés en sortant du Point FMR.
Si vous le croisez en pleine beuverie, il vous emballera avec son humour cynique, mais attention pour autant à ne pas l’inciter à tenter l’autodérision. Elle pourrait vous revenir à la figure comme un boomerang.
-Il y a l’homme féminisé. Endoctriné par l’ère métrosexuelle, il se présente d’abord sous les traits du bon copain. Sa sexualité a priori énigmatique, s’amuse elle-même d’une ambigüité qu’il entretient comme rempart aux soupçons –justifiés ?- qu’on pourrait avoir en le voyant. Adepte de la crème de jour et d’un peu de fond de tient si vraiment, il aime tout ce qui dévoile son anatomie d’éphèbe. Pas graveleux mais plutôt franc du collier, il dit ce qu’il pense sans s’effaroucher de l’effet produit. Il aime délirer. Souvent en compagnie de femmes qui lui reconnaissent une sensibilité toute particulière, il entretient avec ses acolytes masculins un rapport fusionnel assez confondant d’affection. Branché, mais parfois trop, il vous foutrait des complexes sur ce look qu’il juge guindé alors que vous le trouviez plutôt audacieux. Mal à l’aise avec le sex appeal qu’il aime pourtant regarder de loin et apprécier d’un point de vue esthétique, sa sexualité est à double tranchant.
Il a de fait, une bonne appréhension des choses comme si sa part féminine lui dictait le chemin. Et parfois, il s’égare dans des tentatives de masculinité surdosée qui surprennent plutôt que de ravir. Assez vindicatif et caractériel, son ego ne supporte aucune remise en question alors qu’il se permet toutes les arrogances. Vous le reconnaîtrez aux couleurs qui le distinguent dans la masse de l’uniforme noir hivernal. Plus subtil que la meute mâle, il pourra vous entraîner dans le tourbillon de sa créativité ou de son exaltation. Jusqu’à ce qu’un tantinet de mesquinerie et beaucoup de narcissisme ne vous rappellent les dangers de sa singularité.
-Et puis il y a l’homme. Avec un grand H. Parce qu’à lui seul, il est le best of, l’Honneur de l’Humanité. Bref le H qui s’accolera au J. Celui du jour où vous
croiserez miraculeusement sa route. Il n’est pas forcément le plus beau des plus beaux, mais son charme, sa prestance, son charisme provoqueront un raz de marée à l’intérieur de votre petit cœur
meurtri par les errances amoureuses. Souriant mais pas en pleine représentation, cultivé mais ne tartinant pas son érudition, sensible mais pas dénué de virilité, il ne cherchera pas à vous
séduire. Ou seulement lorsque vous l’aurez autorisé par des signaux corporels, lexicaux, sonores, que sais-je, à réduire le mètre de politesse qui sépare encore vos deux corps. Vous rigolerez aux
mêmes blagues même si elles ne sont pas objectivement bonnes, vous partagerez votre répertoire mental musical en trouvant des similitudes ou des compléments étonnants de pertinence. Il n’essayera
pas de connaître la couleur de vos draps le premier soir, mais ne manquera pas de vous embrasser pendant une demie heure après vous avoir raccompagnée jusqu’en bas de chez vous. Il aura des
projets auxquels vous n’aviez pas pensé mais qui vous donneraient bien envie de faire le tour du globe, vous la sédentaire d’origine. Il aura des ambitions qui vous rappelleront la différence
sémantique avec le mot opportunisme. Il ne dégainera pas de bague pour un mariage de 300 personnes et pourtant il serait partant pour dessiner votre robe blanche de ses propres doigts délicats.
Il reniflera discrètement votre odeur quand il se penchera pour vous embrasser sur le front après un premier dîner d’où vous repartirez en ayant le sentiment de le connaître depuis toujours.
Vous ne tiendrez plus de désir ardent pour lui, quand au bout de quelques semaines, il retroussera ses manches sur un avant bras fort et rassurant, ignorant totalement la violence émotive de ce
geste. Vous l’adorerez de vous piquer un peu avec sa barbe naissante, vous serez prête à déclamer votre amour au balcon tous les matins quand vous le regarderez se lever, ébouriffé dans son vieux
caleçon a priori anti-érotique. Vous renouerez avec l’ultime plaisir de faire l’amour puisqu’il s’agira de sentiments et plus de corps. Puisqu’il perdra plus de 5 min par coït quotidien à
découvrir les lieux de votre plaisir. Il n’aura pas peur de vous dire je t’aime quand il aura acquis la certitude sereine, que ce manque qu’il ressent sans vous, que cette complicité qu’il ne
ressent qu’avec vous, que ses rêves qu’il ne nourrit que pour vous, se nomment bien amour. Et qu’une vie ne suffirait pas à explorer les mystères que vous découvrirez l’un de l’autre avec une
magie sans cesse renouvelée.
Alors messieurs, veuillez pardonnez ce petit couplet satirique qui délectera certainement plus mesdames. Il faut bien pouvoir se moquer avec un attendrissement sincère de certains hommes quand on a été soi-même raillée par l’indifférence ou le mépris de ceux-ci. Il n’y a de haine que là où il y a eu de l’amour. Et il faut de l’humour là où il peut y avoir tellement de gravité.
Et il faut bien aussi aimer très fort les hommes pour être tentée parfois de les malmener un peu...