...pas folle d’amour... mais folle de rage !!
LE VAUTOUR : elle rôde autour du portant qui m’intéresse depuis 3 min... C’est déjà bien trop long compte tenu de la patience qu’il m’a fallue pour ne
pas me ruer dès l’entrée de la boutique sur ce fameux portant, que je sais être l’endroit PRECIS, la raison EXACTE, pour laquelle je suis venue dans le magasin.
Elle regarde tranquillement, passe en revue chaque cintre, obstruant l’accès au modèle convoité à moins de ne passer pour une hystéro… Donc il faut attendre, feindre de regarder autre chose tout
en restant dans le périmètre pour ne pas rater l’occas dès qu’elle lâchera prise. Elle commence à s’épuiser… La voie va se libérer… et là, un regard en arrière, et elle se barre avec la robe dans
votre taille, LA SEULE évidemment, n’ayant même pas conscience de l’affront qu’elle vient de vous faire.
Plusieurs solutions se présentent alors :
a - entamer un régime pour se venger sur la taille 34
b - rester digne et se rabattre sur le premier substitut en vue parce qu'on ne va quand même pas repartir bredouille
c - péter un câble, étrangler la voleuse avec une ceinture et partir en courant la robe au bras..
Je vous laisse juger de la gravité du "vol"...
LE MENSONGE : Vous êtes venue en quête de ce fameux sac repéré ce matin dans le Elle, Grazia, Madame Fig, que sais-je... Il faut être réactive, on le
sait. La modeuse fait la différence à une minute près. Celle qui distingue les acharnées des passives.
C’est ainsi que vous serez the first, the one à décrocher la timballe de la semaine : le sac dont plus personne ne voudra dans 3 semaines mais qu’il faut absolument dans les prochaines 24h…
So be au taquet!!
Le problème c'est que la vendeuse, elle, ne sait pas, elle n’est pas au courant, elle n’a pas vu le fameux sac car elle ne lit pas les magazines de mode, « franchement ils sont tous
ringards ». Ah bon, pourtant ce petit pantalon trop taille basse et trop moulant qu'elle arbore fièrement, c'est pas un peu has been ça aussi non???
Après un tour de boutique, le foutu sac a bien le culot de ne pas être là. Parce que les magazines mentent, oui mesdames!! Ce qui est dans la presse n’est pas toujours dans les boutiques, soit
plus là, soit jamais là. Parfois produit pour l'image de la marque, pour le rêve... C’est la roulette russe, un jeu de hasards cruel pour le petit cœur de modeuse qui ne se remettra pas de cette
frustration immonde et qui vient de voir s’écrouler le rêve d’une vie.
LA COPIEUSE : demain c’est mariage, avec riz dans la tête du "couple en blanc", dragées sur la table, champagne jusqu’à 5h…La totale.
Et aujourd’hui c’est donc achetage de robe, parce que le last minute c’est encore le meilleur moyen de régler la question usante propre à tous les mariages du: « qu’est-ce qu’on se
met sur le dos pour ne pas avoir l’air d’un arbre de Noël hors saison ? »
Une bonne technique que celle de l'achat d'urgence qui règle de manière expéditive et obligatoire (il n’y aura pas de solutions de secours encore possible dans le temps) mais aussi stratégique,
ce problème crucial.
Direction Zara, chez qui le reassort quotidien, est la chance de ne pas retrouver la même robe sur la voisine à tous les coins de rue. Car la fast fashion c’est aussi ça : les quantités sont
minimes pour un zappage maximum.
Armée de votre jolie robe à volants en mousseline brodée de beaux sequins très appropriés pour l’occasion, vous entrez donc dans l’Eglise le jour J devant la mariée... Histoire de vous entraîner
en "public réel" l’air de rien pour votre noce à vous...
Evidemment comme vous êtes à la bourre, il n’y a plus qu’une place dans l'assistance… A coté de cette jeune fille plus mince, plus plantureuse qui arbore une fabuleuse robe … à volants en
mousseline… et brodée de sequins du plus bel effet... de chez Zara... Vous avez désormais une jumelle pour la soirée, autant dire la fille qu’il va falloir fuir sur toutes les
photos !
LA RISTOURNE : 2 ans, 3 mois, 14 jours et 3 h. Que vous économisez pour le fameux Chanel de vos rêves. Le jour de l'achat est enfin venu, celui où vous
allez devenir une femme. Contrairement à ce que votre mère vous a dit le première fois que vous avez du filer vous acheter des tampax, c’est lui le vrai D-Day. Celui où vous allez claquer bien
plus que vos moyens ne vous le permettent, celui du risque ultime, du blackout bancaire pour l’amour de la mode, là, oui, vous allez être une vraie femme!!
Accompagnée de vos biftons bien repassés depuis 3 Noël , 2 anniversaires et des baby sittings à rallonge, vous rentrez dans l'antre Black & White au double C,
l’air fier et assuré. Vous ressortez de la même manière avec le sac qui va avec, le tout dans un shopping bag, dust bag, emballé avec le ruban Chanel... bref tout ce que vous avez pu glaner aux
couleurs de la marque pour rentabiliser l’achat au maximum.
Délestée d’un salaire de ministre, vous appelez votre bonne copine, la modeuse qui comprend tout de vos excès indécents. Vous lui balancez l’info du jour qui
mériterait de contacter l'AFP, et là, tout sourire au bout du fil, elle vous répond : « Bah c’est con, j’avais -30 chez Chanel !! ». Vous hésitez entre tabasser le téléphone
contre votre tête de linotte, faire le coup du remboursement peu courant chez Chanel ou…. Economiser pour un nouveau sac maintenant que vous savez que vous pourrez le payer à – 30% !!
Conclusion: si vous vous êtes retrouvées dans ces 4 situations, vous pouvez affirmer que, oui, la mode vous a rendues folles un jour, mais que, attention, vous êtes peut-être un peu TROP
folles de mode AUSSI!!