Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 septembre 2008 5 26 /09 /septembre /2008 22:04

Déferlante de slims, perfectos, wayfarers sur la mode et la musique depuis quelques années… Apparition de groupes britanniques en The qui sévissent sur des riffs de guitares entêtants. Le rock version troisième millénaire repointe le bout de son nez cerné par la tectonik et le R’n’B. Dieu soit loué la musique a encore de belles années devant elle. Oui mais. N’est pas rock qui s’en revendique, qui porte des fringues élimées, qui braille sous la douche, qui se coiffe en pétard.

 

Hedi Slimane


Derrière l’émergence de ce phénomène mode en France, un homme, ou plutôt dorénavant une icône, le styliste Hedi Slimane, brindille à la mine fatiguée, qui dessine une nouvelle silhouette pour laquelle certains de ses fans fondent de 40 kilos. Karl Lagerfeld se pâme à l’un de ses premiers défilés et se débarrasse du superflu pondéral pour pouvoir enfiler un des costumes du jeune prodige. Puis ce seront les femmes qui s’offriront les tailles mini du créateur hommes pour s’approprier cette fameuse silhouette dandy désormais générationnelle. Hedi impose un nouveau volume ou plutôt absence de volume : le skinny, tight, slim.

 

Rick Owens


Longtemps avant lui des créateurs s’étaient déjà attachés au look rock à renfort de clous, cuir, croix, métal. Parmi eux Rick Owens, installé depuis en terrain adoptif français avec sa femme Michelle Lamy, tous deux adeptes d’un look très dark chic, en longueurs, drapages, loose vs tight, superpositions, emmitouflage et voluptés néo-gothiques. Owens spécialiste de la peau, virtuose du cuir, fait rêver les fanatiques vestimentaires du black is beautiful. Disciple de son savoir faire, le très caractéristique Gareth Pugh, fraîche trouvaille de la scène mode anglaise prend Paris d’assaut également, avec  un défilé dorénavant dans la capitale. Son stylisme hypra gothique rend les divas mode extatiques car il le structure merveilleusement, pour livrer un spectacle absorbant de personnages au look SM absolument esthétiques.

 

Michelle Lamy et Gareth Pugh


 

En matière de musique et mode, je demande les bijoux Chrome Hearts.  Richard Stark, son créateur, américain lui aussi accompagné dans l’aventure par sa femme, Laurie, même silhouette de baroudeur/body builder longuement chevelu que son collègue Owens (qu’il pare d’ailleurs de ses bijoux) est responsable, également,  de la métamorphose du grand Karl. Signe de son passage, le couturier au catogan ne se sépare plus de ses bagues moyennageuses gravées dans l’argent de croix, roses, têtes de mort. Son credo rock affirmé en filigrane depuis une quinzaine d’années, Richard s’impose au grand public par le biais d’un Karl vantant les mérites de son relooking, s’invite chez Colette comme consécration ultime et ouvre sa boutique avenue Montaigne.

 

mains de Karl Lagerfeld en Chrome Hearts


Les bikers de Los Angeles reconvertis en stylistes gagnent le cœur des petites françaises qui s’encanaillent à coups de symboles rock’n rollisant.

Un déjeuner passé il y a presque 10 ans de cela, en compagnie du créateur et d’un membre des Sex Pistols, me laisse penser que l’acquaintance n’est pas simplement convenue mais que l’univers même du créateur  est profondément ancrée dans la culture rock, pour ne pas dire punk carrément.

On ne s’y trompera pas, le rock n’est pas qu’un look, c’est aussi un mode de vie, une provenance, un idéal, un rythme, une esthétique globale.

 

 


Chez nos compatriotes, la tendance est rapidement récupérée. April 77, marque de prêt-à-porter mixte qui convoque un rock plus 50’s, s’improvise également label et promeut des groupes en devenir pour concilier les désirs multiples de son créateur Brice Partouche. Vendue entre autres dans le mouchoir de poche de la rue du Roi de Sicile à Paris, Noir Kennedy, April 77 est  au rock ce que Kitsuné serait à l’électro. Une griffe sans créativité délirante qui a le mérite de proposer une imagerie complète à ses clients. Les modeux aiment qu’on entende à travers  leurs vêtements la musique qu’ils écoutent...

 

Boutique Noir Kennedy

 

Zadig & Voltaire aussi surfe sur le créneau musical rock, avec ses fameux cachemires nominatifs. Pente ascendante de Elvis à Patti (Smith) plus undergound, en passant par Mike (Jagger) ou même de plus explicites titres tels que Nevermind (Nirvana). Problème : la récurrence saison après saison de ces messages auditifs agace car les formes ne se renouvellent pas, la qualité s’amoindrit, inversement proportionnel aux prix. Ca commence à sentir le parti pris marketing à plein nez avec montres tête de mort, sérigraphies de guitare arborées massivement par des clients qui pensent sûrement que Gibson ou Fender sont des stars de cinéma…Le message est trop volontairement revendiqué, il est placardé sur une attitude qui a plus à voir avec  le boboïsme que la désinvolture décadente…

 


Kate Moss passée muse en la matière, véhicule fièrement cette coolitude du slim, marinière fadée, sur bottes boueuses dont s’emparent toutes les fashionistas sans vraisemblance. Marie Kate Olsen se fait remarquer avec ses chemises informes à carreaux et ses jeans destroy alors que les icônes trash comme Courtney Love se pavanent aux premiers rangs des défilés en tailleur ajusté. Le tour est joué.

 

 


On arrondit les angles cette saison chez les sœurs Maje et Sandro, dont les vitrines musicalement décorées, plantent un décor rock folkeux délibérément plus soft pour être plus accessible. Clavier, ampli, guitare. C’est un peu de l’univers rock que l’on vient s’injecter à coups de slims en cuir et gilets dégingandés à 200 euros.

Mise en scène paroxystique de cet élan rock, the Kooples et leur version dandy british de l’esprit musical adapté à la mode, s’implantent en force dans le panorama en cette rentrée. Sur leur site internet, programmation des concerts à ne pas rater à disposition, articles de garants en la matière : Patrick Eudeline, ancien chanteur et guitariste punk, reconverti en écrivain et journaliste pour Rock & Folk et focus du chroniqueur de style Olivier Nicklaus des Inrocks.

La mode a besoin de références. Le rock a besoin de liberté. De cette ambivalence est née une silhouette formatée qui incarne une époque et laissera bientôt la place à d’autres courants. La mode a beau s’évertuer à décortiquer le rock, il y a deux terrains où elle ne pourra pas interférer. L’attitude et le tempérament. So let the rock roll.

Partager cet article
Repost0

commentaires

A Propos

  • : Mode Opératoire
  • : Blog mode à tendance rock et à variations littéraires et musicales. Mode en séries, découverte de créateurs, vente en ligne de mes créations bijoux (INDIE), revue de must have, chroniques de bouquins et de CDs, vide-dressing...
  • Contact

  • Laure
  • Créatrice de la marque de bijoux fantaisie INDIE, basée à Paris. Passionnée de mode, de mots et de musique
  • Créatrice de la marque de bijoux fantaisie INDIE, basée à Paris. Passionnée de mode, de mots et de musique

E SHOP BIJOUX/ INDIE

Cliquez pour découvrir mes collections de bijoux sous la marque INDIE

HomePage Indie

 

Et suivez les actualités de la marque sur la page facebook:

INDIE-copie.jpg

Recherche

PINTEREST

Follow Me on Pinterest