Certaines font la minute blonde, moi je me lance dans la minute frange. Une variante à la hauteur de l’importance du cas évoqué.
Je me refuse à la frange et la frange se refuse à moi depuis que ma coiffeuse l’a ratée en raccourcissant affreusement la droite de ma ligne de cheveux frontale plus que la gauche, un crime capillaire de la plus haute gravité, qu’on l’a ensuite comparée à celle de Mireille Mathieu et autres quolibets désobligeants pour cette pauvre mèche filasse taillée court…Trop c’est trop.
Sans compter mon contentieux avec des mocassins indiens, à franges donc, qui m’ont lâchée deux fois à la première utilisation, alors que déjà je me posais sérieusement la question de la pertinence de ce turquoise très agressif pour des chaussures évoquant indéniablement le Far West, ce qui n’était pas non plus très cohérent avec le bitume parisien.
robe Sandro
Alors que les bottes Minnetonka pointaient leur nez, il y a déjà quelques années en fait si l’on n’y réfléchit bien, I said no no no. Mais voilà, je suis cernée de franges récalcitrantes à tous les coins de rue. Je m’avoue vaincue, j’ai cédé à un gilet en daim, A FRANGES.
Les imbéciles ne changent pas d’avis, qui vivra verra, tout vient à point à qui sait attendre, les proverbes se bousculent dans ma tête de linotte de modeuse soumise pour m’auto-pardonner ce sacrifice, cette démission d’une volonté fébrile et honteuse face à l'adversité.
Voila donc l’objet de ma faiblesse : ce petit gilet sans prétention, frangé avec parcimonie - car je n’en suis pas non plus au point d’assumer la Pocahontas qui se tapit en moi - à porter sans plus de fioritures, surtout pour cause de surcharge visuelle impardonnable et par voie de conséquence, de regret amer de cette audace vestimentaire quelques années - mois, semaines ???- plus tard sur des photos relatant le flag’.
Le conseil du soir : toujours penser à l’après, le souvenir, la mémoire, les indices, les traces. Ce que vous osez aujourd’hui risque de vous suivre demain et
plus tard encore, quand l’aplomb vaillant de la jeunesse aura disparu.
Est-ce que le désir textile justifie la moquerie sur plusieurs générations, faut-il succomber à l’appel de la fantaisie sous prétexte de mode alors que le basic, lui, reste fiable éternellement ?
Voyez que la frange soulève tout de même son lot de questionnements philosophiques…
Amies frangées bonsoir.