C'est le nouveau combat qui fait rage dans l'arène de la mode. Le Hipster, barbe longue au vent et tatouages à l'affût, chemise à carreaux et pull de trappeur est en phase d'être détrôné par le nouveau chouchou des médias. Une nouvelle bête sortie de l'esprit d'un cabinet de tendances new yorkais (donc d'un hipster de Brooklyn...) qui appartient à la catégorie mode du "normcore", comprendre la normalité.
Bon si on y regarde de près, il y a effectivement depuis quelques temps comme un recrudescence du hyper normal, une sorte de glissement du casual vers le super casual, comme une banalisation du simple.
Que ce soit chez les papesses de la mode, avec Céline où Phoebe Philo a fait revenir le col roulé façon sous pull ou avec Isabel Marant qui nous fait le coup des claquettes cet été, il y a un effet de mode du super trivial qui (qu'on le veuille ou non) sous l'étiquette normcore, cache en fait le très nouveau cool.
En images ça donne ça:
Dans les faits " hors mode", seront classées dans la catégorie "normcore", toutes les personnes ayant déclaré récemment :
- avoir été chez Courte Paille parce que la viande est trop bonne plutôt que bruncher bio au Café Pinson ( Guillaume si tu m'entends)
- aimer regarder le journal télévisé de 20h plutôt que le Grand Journal de Canal à 19h
- avoir joué aux raquettes de plage dans le Quotentin plutôt qu'à la Pétanque au Canal de l'Ourcq
- être allées chez Lidl pour trouver un nouveau lecteur DVD à 10 balles plutôt qu'au défilé Chanel arracher des paillassons logotypés à 0 centimes
- vivre dans le 14 ème parce que les loyers sont abordables plus que dans le Marais parce que les nanas se laissent aborder
- être ingénieur et non chef de projet dans l'informatique, graphiste et non directeur artistique
- écouter Michel Berger pour entretenir l'exception française plutôt que Woodkid pour accéder au happy few frenchies
- acheter ses caleçons chez Célio plutôt que ses boxers chez Uniqlo, ses tee shirts cols ronds chez Fruit of the Loom plutôt que ses cols V plongeants chez American Apparel
Attention, entendons-nous bien : ne sera pas classée "normcore" , toute personne qui fera tomber la normalité dans le ringard. Pour ça il y a les ridicool. Toute personne qui aura un look sobre et épuré trop travaillé pour être naturel. Dans ce cas on est sur du bobor (bourgeois boring). Toute personne en jean, baskets sans marque apparente et fringues apparemment sans signe de reconnaissance. Là on est sur une problématique de Lagom (terme suédois qui cache l'idée de "less is more" ...et probablement deux trois pièces Acné aussi d'ailleurs...).
Ceci étant dit et comme on l'aura compris, le phénomène de mode que véhicule à lui seul ce néologisme "normcore" sur le marché de la fashion, implique que sa normalité soit récupérée fissa par les néo-normaux-post-hipsters pour en faire du normal plus tout à fait normal mais nécessairement, tout à fait branché. Ca se complique.
Pour les amateurs de K Way qui ne veulent pas non plus avoir l'air sortis des Ch'tis, voici un modèle Maje x Kway.
Pour les amateurs de bijoux discrets et basiques, le bracelet Saint-Anne (un peu foufou quand même) pour un bracelet qui n'a l'air de rien. En fait ce qui fait tout, c'est sa "languette" en cuir coupée en V qui dit d'où il vient, à savoir pas d'une chute de bandoulière de votre vieux sac...
Chez La Contrie, made in France et à partir de 90 euros, à choisir sur mesure (couleurs, finitions), avec inscriptions personnalisables...
Enfin pour les amateurs de baskets de base, on va voir du côté de la Stan Smith, qui avant d'être redevenue cette saison LA basket fashion était, on le rappelle, LA basket de mon grand-père. Autant dire la basket la plus normale de la Terre et la plus low profile. Comme elle est donc désormais vue partout, le sus nommé candidat normcore va céder car il ne craint pas de faire comme tout le monde, il s'en fout. Mais le normcore post hipster lui va donc aller chercher la différence du côté des déclinaisons disponibles chez Colette of course.
Bon après tout ça, si vous n'avez pas compris que la mode n'est qu'un grand tourbillon marketing qui réinvente sans cesse les codes d'hier en tendances d'aujourd'hui, on va être obligés de créer un nouveau terme pour votre mettre dans une case. Dans tous les cas, pas de panique, être à la mode n'est pas très grave, ce qui l'est plus, serait de prendre les modes au sérieux.