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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 22:33



Ce week-end je me suis octroyée une immersion dans la fashion, au cas où mon quotidien ne suffirait pas déjà à satisfaire mes besoins insatiables de frusques… Fashion Week parisienne oblige, je m’étais dégotée un deuxième rang du très prisé premier défilé parisien du jeune anglais Gareth Pugh.

Arrivée devant le Palais de Tokyo, la clientèle affiche la couleur : noir de rigueur à l’image d’un hiver qui en a fait son thème de prédilection. On se croirait à la fashion week londonienne. Dans la foule des hyper pointus qui commencent à s’amasser dans le hall du Palais, le défilé semblerait avoir déjà commencé. Pedro Winter vient de terminer son set dans ce lieu de l’art branchouille par excellence et se fraie un chemin l’air de rien parmi les extravagants. Un "boucles d’or" habillé d’une doudoune futuro-cosmonaute rutilante, un sosie d' Irina Lazareanu en manteau noir à épaulettes démesurément hautes, des neo-punks en wayfarers vêtus tout de noir et blanc. Le ton est donné et le style des invités résume celui du créateur que l’on vient voir.

Oublions le terme gothique que Gareth assimile à une flemmardise sémantique de la part des journalistes qui en ont fait ce mois-ci leur chouchou (Double, Jalouse…) Optons pour une tentative de caractérisation subjective : 80’s décadent, punk futuriste, néo dark robotique. 

Premier clic photo à la demande d’une demoiselle qui veut immortaliser mon look. Soulagement : je ne dois pas trop détonner dans le décor…Mes connaisances journalistiques aussi sont là: sensation de familiarité presque réconfortante. Un défilé c'est souvent une rixe de goûts, un baptême de la hype, l'épreuve du feu à l'échelle dérisoire de la mode... Bref une plongée en plein coeur d'un univers qui est plus agréable, plus lisible, plus indulgent, si on en fait un peu partie...

Rick Owens arrive avec sa compagne Michelle Lamy, celle qui a soutenu Gareth au point de lui permettre d’être là aujourd’hui. C’est donc avec une belle escorte que je franchis parmi les premiers, les marches du Palais pour découvrir le catwalk rectangulaire épuré où va se dérouler le spectacle.

 

Jefferson Hack, Rick Owens, Michelle Lamy, Emmanuelle Alt, Carine Roitfeld


Car un show c’est aussi une performance. La concentration temporelle de l’intensité émotive d’un concert, d’un opéra, d’un bon film. Un shoot d’adrénaline d’une quinzaine de minutes qui en l’occurrence se fait désirer une heure… La clameur des photographes commence à monter. Carine Roitfeld (RC du Vogue France), accompagnée de ses nymphes aux jambes interminables, discute au premier rang à proximité de son homologue masculin du Dazed & Confused et ex de Kate Moss, Jefferson Hack. Grand seigneur, il a alimenté tous les rangs de places assises de son dernier mag, avec la silhouette phare de l’hiver from Gareth himself en couv.

 


Sous la verrière du Palais où la chaleur est de mise comme à tout bon défilé, se pressent des invités qui semblent tous avoir passé un casting de style avant de venir. De l’autre côté de la salle, Sarah de chez Colette se repère avec un look street wear US assise à côté d’une Melle Agnès toujours très juste dans la sobriété. Une jeune fille donne le sein à son bébé, coiffée d’un bonnet grunge qui rend la scène mythique, un jeune ephèbe à la peau d’ébène se trémousse sur des plateformes shoes en veste ceinturée outrageusement, une liane à la moue boudeuse pose volontiers en tailleurs Chanel vintage, avant d’aller s’adosser discrètement au mur du fond en standing…

 


Les néons lumineux blancs s’allument enfin pour baliser le trajet des mannequins, retentissement de samples qui rappellent le dernier album de Portishead et, enfin, arrivée des looks absolument emphatiques de Gareth Pugh.

Le défilé rappelle la grandiloquence de ceux de John Galliano. Le spectacle n’est pas que dans la salle, il est avant tout dans cette créativité bouleversante du jeune homme qui néanmoins a des tendances chromatiques monomaniaques : exclusivité de looks bi-colores noirs et blancs, monopole des épaules haut perchées. C’est ainsi que l’on crée une identité, une patte, à force d’imposer des structures, des volumes, des partis pris. Gareth a un style unique, inédit qui ne demande qu’à se développer avec les nuances de l’expérience. Les matières se déclinent en vinyl, cuir, transparence et opacité, les découpes varient les plaisirs géométriques, longitudes, carrés, pastilles, bandes s’imposent avec une précision clinique qui culmine au comble de la rigueur esthétique.

Soudain un foulard fait frémir les premiers rangs de la presse… Une espèce de keffieh revisité, blanc criblé d'épingles à nourrices, qui rappelle un certain coup de maître de Balenciaga à l'été 2008. Porté en pointe, il diffuse un peu de sa souplesse aux silhouettes très maîtrisées du créateur.

 


 

Fraises d’Arlequin, pointes à la Star Treck aux articulations, blouson à la Thriller de Michael Jackson, plastrons rigides comme des armures moyennageuses, jabots dans le style gothique…Gareth Pugh a le génie de réinterpréter d’une manière totalement visionnaire, les formes symptomatiques de nombres d’époques révolues .

 


 








 









 






 
















































 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 



Rapide apparition du créateur sous les applaudissements. Pari parisien gagné. Gareth vient d’inoculer un peu d’audace londonienne hors tendances, aux conventions de la fashion week de la capitale. Reprise des hostilités : la fashion fourmille dans les escaliers, courant déjà vers d’autres horizons textiles, tandis que je rentre en marchant, la tête pleine d’images fantastiques, sur le trottoir baigné d’un doux soleil d’automne.

 

 


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commentaires

A
ps: Eeeeeuhh(timide) . . . Alors Franchement Désolé pour la "parenthèse INTRUSion à caractère publicitaire" MAIS j'aimerais beaucoup avoir ton avis sur mon dernier article . . .<br /> <br /> A Bientôt, Antoine
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L
<br /> Un sujet hautement délicat que tu abordes là (j'invite d'ailleurs mes chers lecteurs à se rendre sur ta page le lire) et qui pourtant mérite bien qu'on s'en préoccupe... A l'heure où les diktats de<br /> la mode nous impose indubitablement une minceur souveraine, le blog mode et ses filles "normales" sont peut être aussi un moyen de prouver que l'on peut certainement se sentir beau/belle avec<br /> quelques kilos de trop (si on se fie aux règles édictées par la mode en la matière...) et que l'essentiel est plus dans l'harmonie, le goût, adapter la mode à soi et non s'y adapter sous pretexte<br /> d'esthétisme très discutable d'ailleurs...A voir les plantureuses, voluptueuses que tu choisis de mettre en valeur sur ton blog, la preuve en est que la vraie beauté est certainement plus dans la<br /> féminité que dans la minceur.<br /> <br /> <br />
A
En fait J'ai toujours l'impression que le spectacle le plus intéressant n'est pas forcément sur les podiums , mais aussi dans les rivalités narcissiques et les "rituels courtisans" dont les premiers rangs sont les théâtres d'expression privilégés . . .<br /> Une évocation franchement passionnante, comme à ton habitude !!!
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L
<br /> ta théorie est assez juste effectivement...contente que cette petite plongée en pleine fashion week t'ait plu! J'ai quelques autres épisodes parisiens à décortiquer en préparation ....<br /> <br /> <br />
A
BIEN VU<br /> BRAVO
Répondre
L
<br /> Et merci à toi sans qui l'article n'aurait pas existé!<br /> <br /> <br />
D
Quelle belle analyse relative à ce défilé....j'apprécie beaucoup les commentaires qui précèdent le défilé lui-même, un "œil avisé", des "mots conformes" à l'image de cette ambiance particulière qui vous envahit lorsque l'on arrive sur le lieu du "show" et dont on ne parle pas souvent dans la presse, tout étant tourné vers la création.<br /> Encore bravo.
Répondre
L
<br /> Je pensais justement m'être trop étendue sur l'avant et pas assez sur la collection, mais d'autres l'ont fait mieux que moi alors...Contente de voir que c'était un bon choix!! Merci!!<br />  <br /> <br /> <br />

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