LECTURE
L'Oubli de Frederika Amalia Finkelstein / Gallimard
Je précise que je n'ai encore lu aucun des deux livres que je cite ici.
Cet été je me suis régalée avec la Vérité sur l'affaire Harry Quebert que je recommande pour les longues soirées d'hiver à venir et je dois m'attaquer d'ici peu à Sophie Divry et la Condition Pavillonnaire, j'y reviendrai.
Petite a parte, non je ne céderai pas au livre de notre chère ex première dame, car même en rupture de stock partout, son capital désirabilité est inexistant chez moi. Pourtant lui et moi nous sommes retrouvés nez à nez à la caisse d'un supermarché récemment. J'ai préféré le tourner côté face pour qu'aucune âme égarée n'ait pas la tentation de perdre son temps à la lecture de ce qui n'est autre que du linge sale lavé sur la place publique. Et quoique toute mon affection n'aille pas vraiment au sujet de son délit, je n'en ai que très peu pour celles (ou ceux) pour qui la dignité, le respect de soi et des autres et tout simplement l'intelligence sont des mots inconnus.
Donc revenons à l'Oubli avec un extrait :
«Je m'appelle Alma et je n'ai pas connu la guerre. J'ai grandi en écoutant Daft Punk, en buvant du Coca-Cola et en jouant à des jeux vidéo sur la Playstation 2. Un jour, j'ai appris que mon grand-père avait fui la Pologne quelques années avant la Seconde Guerre mondiale, avant la Shoah. Ce mot m'a longtemps agacée : son côté spectaculaire. Mais vendredi soir, quand je me suis retrouvée face à la petite-fille d'Adolf Eichmann et qu'elle n'arrivait pas à se remémorer le nom du camp d'Auschwitz, j'ai ressenti comme une douleur – elle a duré quelques secondes. Je me suis rappelé l'exergue de Si c'est un homme de Primo Levi : "N'oubliez pas que cela fut, non, ne l'oubliez pas" ; je crois que je veux faire exactement le contraire. Oublier tout.»
Du haut de ses 23 ans, la jeune fille interpelle par ses mots une génération qui semble plus volontiers encline à applaudir des deux mains les blagues d'humoristes qui ont préféré laisser leur conscience sur le pas de la porte d'entrée du marketing et de la notoriété, que de perpétuer une travail de mémoire qui sauverait sans doute un peu d'humanité.